Je m'explique.
Il y a maintenant 12 ans (déjà?!) je redoublais ma seconde (comme à peu près 80% des gens que je connais, je n'y ai pas échappé).
Ce qui fut une mauvaise nouvelle au début, devint finalement la chance pour moi de rencontrer, lors de ma deuxième seconde, la majorité des gens que je côtoie encore aujourd'hui et certains de mes vrais amis.
Comme quoi, le redoublement, ça a du bon (les jeunes, n'écoutez pas c'que je dis).
On a débarqué dans cette classe avec mélachoune (qui avait aussi redoublé, on est pas amies par hasard ...), en se disant "pfff ils ont tous l'air cons", "p'tin regarde y'a l'autre tâche dans notre classe" (comprenez Josiane, que l'on appellera ainsi pour préserver son anonymat) qu'on avait pu observer l'année précédente dans la cours, a qui on avait voué une véritable haine face à con côté ado attardé "coucou j'ai 10 ans kikoolol style" , bref la fille qui t'insupporte, qui rigole fort, qui t'énerve quoi. (bon faut dire aussi qu'avec mélachoune on a la critique salace facile).
Les semaines défilèrent, les mois aussi, et cette classe qui nous inspirait la misère, se trouva finalement être la meilleure année scolaire de toute notre vie.
C'était un peu la classe que tout le lycée enviait (sans mentir des gens que je connais pas, se souviennent encore de nous tous) .
Un vrai Bervely hills 90210 revisité façon Bervely hills de l'an 2000.
Une classe soudée, qui ne se quittait jamais même en dehors des cours.
Même Josiane, qu'on haïssait, était finalement devenue la fille avec qui on trainait le plus (les apparences ont la vie dure... quoique).
L'année s'est écoulée, l'année suivante et les autres aussi et Josiane était un peu devenue la fille avec qui j'étais tout le temps (mélachoune s'étant barrée vivre à Barcelone la pute).
Soirées à Paris, soirées diverses, soirées chez moi et j'en passe. On devait passer à peu près 80% de notre temps ensemble.
J'avais mon permis, pas elle, j'allais la chercher tout le temps (quand j'y repense ...), on bougeait partout. Et puis j'ai eu mon premier appart, et petit à petit, c'est devenu un peu une habitude qu'elle finisse par dormir chez moi. C'est limite si elle avait pas sa chambre à elle (j'aurais du lui demander un loyer).
On a fini par apprendre qu'elle aimait une fille, et j'ai enfin compris, au bout de tout ce temps, pourquoi elle voulait jamais que je lui présente des mecs (ouai je suis un peu une entremetteuse en carton).
Elle nous a présenté sa copine, qui petit à petit est devenue aussi une pote.
Leur relation était conflictuelle, mais ça durait.
On est parties toutes les 3 en vacances, on se voyait toujours aussi souvent, bref ça se passait plutôt normalement.
Et là, vint le drame ...
Depuis quelques temps ça puait le roussi entre elles deux. Ca sentait l'embrouille permanente, on voyait bien que quelque chose n'allait pas.
Moi, en bonne copine, j'essaye de démêler l'histoire, de comprendre ce qu'il se passait, un coup avec l'une, un coup avec l'autre sans vraiment réussir à capter le problème.
Josiane ne voulait rien lâcher, quand à sa copine qui voulait bien parler mais sans rien dire, genre j'te dis mais j'te dis pas ... putain les lesbiennes là oh !
Bref, je finis par convaincre Josiane de m'en parler, non pas par curiosité malsaine, mais parce que je sentais bien qu'il y avait un vrai malaise et que c'était peut être bien d'en parler avec quelqu'un.
Josiane débarque donc seule chez moi pour discuter.
On parle banalités et puis j'en viens à lui poser des questions voyant qu'elle n'abordait pas le sujet.
Moi "bon ben alors qu'est ce qui s'passe avec machine ? "
Josiane "ben j'sais pas, enfin si, mais voilà ça va pas quoi"
Moi "ça vient de toi ? D'elle ?"
Josiane "bah c'est moi"
Moi "il se passe quoi ? Tu l'as trompé ?"
Josiane "non"
Moi "T'as renconté quelqu'un ?"
Josiane "non"
Josiane était adepte de la réponse fermée ...
Moi "tu veux rompre mais tu sais pas comment?"
Josiane "non"
Moi "T'es amoureuse de quelqu'un d'autre?"
Josiane "oui"
Moi "ah. Et c'est qui ? "
Josiane "ben ..."
Moi "j'la connait"
Josiane "oui ... ben c'est toi"
Moi " ............................................."
Josiane "........................................"
Moi "ah....mais genre depuis quand? "
Et là Josiane me raconte toute la
Elle se voyait déjà en Thelma et Louise sur la route 66 à mener une vie de fugitives ...
Se met à pleurer, à me (presque) crier son amour pour moi.
Putain.
Et là tu te refais tout le film de ces 6 dernières années.
Tu repenses à toutes les fois ou tu regardais innocemment la télé à côté d'elle, à toutes les soirées ou tu t'étais looké et à tout ce qu'elle devait penser dans ces moments là, aux dernières vacances entre potes que t'avais passé en maillot de bain à ses côtés, aux autres, quelques semaines plus tôt, vacances finalement ultra malsaine entre 6 yeux : moi, elle et sa meuf ... Sa meuf qui donc en fait était au courant depuis plusieurs moi mais qui continuait à passer des soirées avec moi comme si tout allait bien.
Imagine le truc tordu .
Tout s'est donc éclairé. J'ai compris leurs perpétuels conflits.
Mais surtout, je me suis retrouvée dans une situation de merde, ou je me voyais pas lui cracher à la gueule et lui dire de foutre le camp, mais pour le coup, je me voyais pas non plus la serrer dans mes bras après ce qu'elle venait de me dire. En plus elle aurait été prête à me rouler une galoche je pense.
Elle était tellement libérée après m'avoir vidé son sac, qu'elle s'est sentie aware pour me jeter des regards de chagasse en manque de cul, et de m'envoyer des textos faisant mon éloge en 600 caractères ... bref ça devenait l'enfer.
J'ai essayé tant bien que mal de lui dire de stopper tout ça, que moi j'aimais pas les filles, que ça devenait malsain et qu'elle devrait plutôt se préoccuper de son couple en plein naufrage plutôt que de me harceler.
En effet son couple est parti en couille total (bah ouai imagine le tableau). Elle voulait le beurre, l'argent du beurre la crémière, son cul, tout ça en gardant sa meuf. Utopiste jusqu'au bout.
J'me suis faite embrigadée dans sa rupture, genre Julien Courbet mais pour couple lesbien en perdition. Le bordel.
Ca m'a gonflé, elles ont rompu, et par la même occasion, ça a déclenché la rupture de notre "amitié" (faussée) aussi.
Petit à petit on s'est moins vues, elle a compris (?) qu'elle avait tout pourri par son attitude odieuse envers moi et son ex.
Elle s'est faite d'autres copines et a jeté son dévolu sur une autre nana, une autre hétéro .... hum.
Et puis ça a été terminé le jour ou je me suis rendue compte qu'on avait plus rien à se dire, j'ai compris qu'après une soirée de monologue, on ne se reverrait plus.
Il y a des choses qui ne s'achètent pas, pour tout le reste il y a